Des ajustements du régime de retraite paraissent inévitables

En raison de l'évolution démographique en Allemagne, c’est-à-dire la baisse du taux de natalité et l’augmentation de l’espérance de vie, le régime de retraite par répartition est confronté à d'importants problèmes de financement. L'objectif des réformes réalisées au cours des dernières années était d'assurer la viabilité financière de l'assurance retraite par le biais d'une limitation des ajustements annuels des pensions, une hausse des cotisations et le relèvement de l'âge légal de départ à la retraite de 65 à 67 ans. La Bundesbank considère qu'un nouveau relèvement de cet âge serait judicieux également pour la période après 2030. " Un allongement de la vie active ne devrait pas constituer un tabou, mais être pris en compte en tant que facteur essentiel", peut-on lire dans le récent Rapport mensuel.

Grâce à ces mesures, le taux de cotisation ne devrait pas, d’ici à 2030, dépasser 22 pour cent et le niveau de prestations, c'est-à-dire le ratio entre une pension annuelle moyenne et la rémunération annuelle moyenne diminuées respectivement des charges sociales et avant impôt, ne devrait pas tomber en dessous de 43 pour cent.

Le tout a été complété par une prévoyance vieillesse privée subventionnée par l’État – la retraite "Riester", qui devait offrir une possibilité de se constituer une pension complémentaire facultative afin de compenser la baisse du niveau des prestations du régime public des retraites par le biais d'une prévoyance vieillesse privée fondée sur le principe de la capitalisation. Toutes ces mesures sont fondées sur les pronostics établis par le gouvernement fédéral pour la période jusqu'à 2030.

Des projections à plus long terme seraient souhaitables

À ce jour, il n'existe pas encore de projections officielles pour la période après 2030. Le régime public des retraites sera alors soumis à des pressions encore plus importantes en raison de l'évolution démographique, peut-on lire dans le Rapport mensuel. Ces pressions ne sont pas uniquement imputables à une augmentation de l'espérance de vie, mais aussi au départ à la retraite, d'ici au milieu des années 2030, de la dernière génération du "baby-boom", qui réduira sensiblement le ratio entre salariés et retraités.

"Les projections officielles, qui ne portent que jusqu'à l'année 2030, ne devraient pas cacher la nécessité de procéder, à terme, à des ajustements au niveau du régime des retraites afin de garantir sa viabilité". Des pronostics à plus long terme permettraient de divulguer les besoins d'ajustement et de présenter les moyens pour y répondre. De cette façon, l’incertitude des assurés quant à leur sécurité financière au cours de la retraite pourrait également être réduite. À cet égard, il serait utile que le gouvernement fédéral crée davantage de transparence en ce qui concerne l'évolution future.

Un allongement de la vie active en tant que facteur essentiel

Pour l'essentiel, trois éléments sont disponibles pour stabiliser le régime des retraites : une augmentation du taux de cotisation, un report de l'âge de départ à la retraite et une baisse du niveau des prestations. Les économistes de la Bundesbank attirent l'attention sur le fait qu'une forte augmentation des charges fiscales risque d'avoir des répercussions négatives sur le développement économique. Les projections établies sur la base du droit actuel prévoient d'ici 2060 une hausse du taux de cotisation à environ 24 %, contre 18,7 % aujourd'hui. De plus, l'évolution démographique devrait également faire pression sur les charges dans d'autres domaines, tels l'assurance maladie, l’assurance soins et les budgets des collectivités territoriales.

L'augmentation de l'espérance de vie constitue un facteur essentiel du besoin d'ajustement lié à l'évolution démographique. Alors que, par exemple, des assurés qui partaient en retraite en 1960 à l'âge de 65 ans bénéficiaient encore d'une espérance de vie moyenne de 13,5 années, celle-ci était en 2011 en moyenne de 19 ans pour hommes et femmes. "La durée relative de perception de la pension, c'est-à-dire le ratio entre la durée de perception de la pension et la durée de cotisation, a fortement augmenté au cours de cette période, pour passer de 30 à 42 pour cent." En raison de la hausse de l'espérance de vie, elle continuera d'augmenter, conclut le Rapport. En relevant l'âge du départ à la retraite à 67 ans, une stabilisation à un niveau élevé pourrait être assurée jusqu'en 2030. Une nouvelle hausse à 69 ans d'ici 2060 pourrait permettre de stabiliser la durée relative de perception de la pension et de freiner la baisse du niveau de prestations du régime public des retraites.

En ce qui concerne le niveau de prestations, la Bundesbank indique que les pronostics officiels du gouvernement fédéral sous-estiment l'évolution, étant donné qu'ils ne tiennent pas compte de la hausse de l'âge de départ à la retraite de 65 à 67 ans et donc de l’allongement de la vie active. Cela vaudrait tant pour le régime public des retraites que pour le niveau général des prestations, y compris la prévoyance vieillesse privée.