Des finances publiques solides protègent la politique monétaire

M. Weidmann à l’hôtel de ville de Hambourg à l’occasion du 60e anniversaire de la Bundesbank ©Michael Zapf
Le président de la Deutsche Bundesbank, Jens Weidmann, a appelé les pays de la zone euro à se doter d’une politique budgétaire solide. Plus la marge de manœuvre budgétaire est étroite, plus cela augmente la pression politique sur les banques centrales de stabiliser la conjoncture à court terme – même si cela se fait aux dépens de la stabilité des prix –, a déclaré M. Weidmann lors d’une réception donnée par le Sénat à l’hôtel de ville de Hambourg à l’occasion du 60e anniversaire de la Bundesbank.

Actuellement, la faible pression inflationniste représente un défi majeur pour le Conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), a affirmé M. Weidmann, en ajoutant que la reprise avait certes gagné en dynamisme et en ampleur,  mais que les récentes prévisions ne faisaient apparaître qu’une lente hausse de l’inflation. Selon lui, l’incertitude quant à l’évolution future de l’inflation est "relativement importante ". "Le Conseil des gouverneurs de la BCE a par conséquent décidé de tout d’abord attendre afin de pouvoir tranquillement évaluer la situation en matière de politique monétaire", a expliqué le président de la Bundesbank.

Les achats de titres d’emprunt d’État sont un instrument d’urgence

Pour rapprocher de nouveau l’inflation à un taux souhaité inférieur à, mais proche de deux pourcent, la BCE a progressivement abaissé au cours des dernières années les taux d’intérêt à zéro pourcent et parallèlement commencé à acquérir de grandes quantités de titres d’emprunt émis par les États et par le secteur des entreprises.

M. Weidmann à l’hôtel de ville de Hambourg à l’occasion du 60e anniversaire de la Bundesbank ©Michael Zapf
M. Weidmann a toutefois également souligné que les achats de titres d’emprunt d’État risquaient d’effacer la frontière entre la politique monétaire et la politique budgétaire et constituaient, à son avis, un pur instrument d’urgence pour parer à une dangereuse spirale déflationniste caractérisée par une baisse des prix et des salaires. "Mais j’ai considéré dès le début des achats des titres d’emprunt que ce danger n’était que faible, et depuis, il a pratiquement disparu", a indiqué M. Weidmann. La Bundesbank a tout de même pu imposer qu’elle n’achète actuellement que des titres allemands et non pas des titres émis par des pays de la zone euro à mauvaise solvabilité. "Autrement qu’à l’époque, il n’y a donc pas dans l'ensemble une communautarisation de risques de solvabilité des pays de la zone euro par le biais des bilans des banques centrales de l’Eurosystème", a-t-il poursuivi.

Le cap de la stabilité est maintenu

Dans son discours, le président de la Bundesbank a également passé en revue l’histoire de la Bundesbank. Il a nommé trois facteurs qui, selon lui, ont été à la base du succès de la Bundesbank au cours des 60 dernières années. Parmi ces facteurs, il conviendrait de citer le mandat de la banque centrale étroitement axé sur la stabilité des prix ainsi que l’indépendance vis-à-vis de l’influence politique. Au besoin, la politique monétaire doit également être en mesure d’imposer l’objectif de la stabilité des prix contre la résistance de la politique, a indiqué M. Weidmann. D’autres facteurs sont selon lui la stricte séparation entre la politique monétaire et la politique budgétaire ainsi que l’attachement de la population à la stabilité. 

En s’appuyant sur ces piliers, la Bundesbank a pendant des décennies pu assurer la stabilité du deutsche mark. Les conditions conditions-cadres pour la banque centrale se sont certes régulièrement modifiées, mais son orientation générale est restée la même: "Notre cap demeure fixé sur la stabilité".

La confiance est un capital indispensable

Le Premier maire de Hambourg, Olaf Scholz, a également tenu une allocution lors de la réception. Il a rendu hommage à la Bundesbank en tant qu’une des institutions centrales de la République fédérale et une des banques centrales les plus importantes du monde. "La Bundesbank inspire confiance. La confiance envers les banques constitue un capital indispensable", a déclaré M. Scholz.

Le président de l’administration régionale de la Bundesbank à Hambourg, au Mecklembourg-Poméranie occidentale et en Schleswig-Holstein, Arno Bäcker, a également souligné la grande confiance dont bénéficie la Bundesbank auprès des citoyens allemands. "Pour ancrer cette confiance dans le public, l’administration régionale joue un rôle important", a indiqué M. Bäcker. "Grâce à nos campagnes d'information et une formation économique accrue réalisées à Hambourg, au Mecklembourg-Poméranie occidentale et en Schleswig-Holstein, nous avons encore renforcé le lien entre le public et la Bundesbank."