Avec des répliques surdimensionnées de billets en euros, des jeunes fêtent dans la nuit de la Saint-Sylvestre, le 1er janvier 2002, devant la porte de Brandebourg, l’introduction de la nouvelle monnaie. ©Stephanie Pilick / picture-alliance / dpa

L'euro fiduciaire fête ses 20 ans !

Nombreux furent ceux qui le considérèrent d’abord comme un « Teuro » (un euro cher) et ne lui accordèrent que peu de confiance. Il y a environ 20 ans, 70 pour cent des personnes interrogées dans un sondage de l’Institut allemand de démoscopie avaient « peu ou pas confiance » en l’euro, qui avait été introduit quelques mois plus tôt en tant que monnaie fiduciaire. Le 1er janvier 2002, la nouvelle monnaie avait remplacé dans douze pays européens les monnaies nationales alors en circulation, à savoir en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Espagne, en Finlande, en France, en Grèce, en Irlande, en Italie, au Luxembourg, aux Pays-Bas et au Portugal. En Allemagne, l’euro remplaça le deutsche mark. Déjà trois ans plus tôt, les taux de change entre onze des douze pays avaient été fixés de manière irrévocable. L’euro servit toutefois d’abord sur les marchés financiers comme « monnaie de règlement » et fut utilisé pour effectuer des paiements électroniques.

« Un court réveillon de la Saint-Sylvestre »

L’introduction des espèces en euro fut un tour de force, pour lequel au total environ 15 milliards de billets de banque d’une valeur de 630 milliards d’euros et plus de 51 milliards de pièces d’une valeur de 16 milliards d’euros furent fabriqués jusqu’à la fin de l’année 2001. En tant que banque centrale allemande, la Bundesbank était responsable sur le territoire national de l’introduction rapide et sans heurts des nouveaux billets et des nouvelles pièces en euros. Dans un délai très bref, il a fallu entièrement remplacer le stock de monnaie fiduciaire en circulation. C’est pourquoi la Bundesbank commença dès septembre 2001 à fournir des espèces en euros aux établissements de crédit. Ce processus de « préalimentation » fut nécessaire pour que toutes les banques disposèrent de suffisamment de billets et de pièces en euros pour les premiers jours. Le jour du changement, les citoyens échangèrent dans les succursales de la Bundesbank sur l’ensemble du pays leur ancienne monnaie en euros. Un euro correspondait alors à 1,95583 deutsche marks. Jusqu’au 28 février 2002, il était encore possible en Allemagne de payer en espèces libellées en deutsche marks ou en euros.  

« Le réveillon de la Saint-Sylvestre 2001 fut très bref pour nous. Nous avions tous travaillé le jour de l’an. Beaucoup d’entre nous avaient fêté la veille la Saint-Sylvestre et étaient donc très fatigués. Le 2 janvier, nous avons été littéralement submergés, les gens ont échangé des deutsche marks, mais aussi des florins, des francs et d’autres monnaies, qui, à l’époque, étaient également échangées pendant quelques semaines. »

Andreas Marek, chef du service Monnaie fiduciaire à la succursale de la Bundesbank à Leipzig, se souvient du « E-Day », jour de l’introduction de l’euro.

Avez-vous encore un « kit de démarrage » à la maison ?

Le passage à l’euro représenta pour les gardiens de la monnaie non seulement un défi logistique, mais aussi communicatif. Pour le relever, la Bundesbank fit appel au présentateur Günther Jauch. Sous la devise « Her mit den Schlafmünzen » (« Apportez vos pièces dormantes »), il appela des millions de téléspectateurs, auditeurs de radio et lecteurs de journaux à apporter leurs deutsche marks à la banque. L’objectif de la campagne médiatique fut d’inciter les gens à rapidement échanger leurs pièces libellées en deutsche marks. La campagne contribua à ce qu’à la fin de l’année 2001, 11,6 milliards de pièces en deutsche marks furent retournées à la Bundesbank. À Berlin démarra en outre en avril 2001 la « Euro-Zelttour 2001 » (la tournée chapiteau 2001 sur l’euro), où les citoyens dans 100 villes allemandes purent s’informer sur le futur nouveau moyen de paiement. Par ailleurs, la Bundesbank se rendit dans de nombreuses écoles pour y informer en détail sur la nouvelle monnaie. 

Le saviez-vous ?
  • « Ducat », « Ecu », « florin » ou « euromark » furent quelques-unes des propositions pour désigner la nouvelle monnaie. En décembre 1995, les chefs d’État et de gouvernement européens choisirent cependant un autre nom : euro. Les autres propositions étaient trop proches du nom des monnaies de certains pays. L’abréviation officielle de l’euro est EUR, et elle est officiellement enregistrée auprès de l’Organisation internationale de normalisation (ISO).
  • La deuxième série de billets en euros, introduite par la Banque centrale européenne (BCE) et les banques centrales nationales de l’Eurosystème de 2013 à 2019, porte également le nom de « Série Europe ». Ses billets montrent un portrait de la princesse antique Europe. Cette figure de la mythologie grecque prêta son nom à notre continent.  Le fil directeur « Époques et styles architecturaux » de la première série de billets a été maintenu pour la série Europe. La série Europe est une évolution de la série originale et a été réalisée par le graphiste allemand Reinhold Gerstetter.
  • La Banque centrale européenne projette de modifier le graphisme des billets en euros. À cette fin, elle demandera l’avis des citoyens de la zone euro, mais coopérera aussi avec des experts de différents domaines, tels que l’histoire, les sciences naturelles et sociales, les beaux-arts et la technologie. Selon la planification actuelle, une décision finale sur la nouvelle conception devrait être prise en 2024. 

L’euro – une histoire à succès

Avec la Slovénie (2007), Malte et Chypre (2008), la Slovaquie (2009), l’Estonie (2011), la Lettonie (2014) et la Lituanie (2015), sept autres États ont adhéré par la suite. 20 ans après son introduction, l’euro est ainsi la monnaie unique de 19 pays de l’UE et de plus de 340 millions d’européens. La plupart d’entre eux approuvent la monnaie unique : selon un sondage réalisé en été 2021 (Eurobaromètre n°95, 2021), 79 pour cent des citoyens de la zone euro sont en faveur de la monnaie unique. En Allemagne, ce chiffre s’élève même à 82 pour cent. Cela est dû entre autres au fait que depuis l’introduction de l’euro, les prix ont évolué de manière stable. Le taux d’inflation moyen était de 1,4 pour cent en Allemagne et de 1,6 pour cent dans l’ensemble de la zone euro. Selon l’avis du Conseil des gouverneurs de la BCE, la stabilité des prix peut être assurée au mieux en visant une cible d’inflation à moyen terme de 2 pour cent. L’expression « à moyen terme » indique  que des écarts temporaires à la hausse ou à la baisse par rapport à cette cible sont inévitables. À court terme, le taux de renchérissement est souvent influencé par des effets spéciaux. Ainsi, la hausse des prix de l’énergie, la fin de la réduction temporaire de la TVA en Allemagne et des pénuries d’approvisionnement globales au cours de l’année 2021 ont entraîné une forte augmentation du taux d’inflation.

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