Port de Hambourg au crépuscule ©robertdering / AdobeStock

La guerre en Ukraine, des pénuries de livraison et l’inflation pèsent sur l’économie allemande

L’économie allemande a pu enregistrer une légère hausse au trimestre d’hiver 2022, écrit la Bundesbank dans son Rapport mensuel. Selon une estimation rapide de l’Office fédéral de la statistique, le produit intérieur brut (PIB) réel a augmenté de 0,2 pour cent en données corrigées des variations saisonnières. Depuis le début de la guerre de la Russie contre l’Ukraine, les effets du conflit pèsent toutefois lourdement sur l’économie allemande, peut-on lire dans le Rapport. Les pénuries de livraison dans l’industrie et dans le secteur de la construction se seraient de nouveau renforcées et les prix élevés de l’énergie auraient freiné la production encore davantage. Ces derniers accentueraient par ailleurs l’inflation déjà élevée, ce qui réduirait le pouvoir d’achat des ménages et pèserait donc sur la consommation privée. Les exportations de biens auraient elles aussi sensiblement reculé au premier trimestre 2022. Notamment les exportations dans les pays de la zone euro auraient fortement diminué – probablement aussi en raison de la dynamique de croissance relativement faible dans la zone euro.

Le taux d’inflation élevé et l’incertitude entravent la reprise

La Bundesbank s’attend pour ce printemps tout au plus à une légère hausse de la performance économique. Des forces contraires seraient à l’œuvre : « Les facteurs défavorables sont notamment l’inflation élevée, les pénuries de livraison, l’incertitude élevée et l’affaiblissement de la demande extérieure ». À ces facteurs négatifs s’opposeraient les importants assouplissements des mesures de protection contre le coronavirus qui devraient donner une impulsion aux dépenses de consommation. « Au total, ces forces ascendantes devraient, du point de vue actuel, tout au plus être légèrement supérieures », peut-on lire dans le Rapport. Le moral des entreprises s’est nettement détérioré par rapport au trimestre d’hiver, écrit la Bundesbank en se référant à l’indice du climat des affaires calculé par l’institut ifo. Le moral aurait particulièrement souffert dans les secteurs de la construction et de l’industrie manufacturière. Cela serait dû en particulier à la forte hausse des pénuries de matériaux. Les carnets de commande de l’industrie sont encore bien remplis, écrivent les experts.

Forte poussée des prix à la consommation

Selon la Bundesbank, les prix à la consommation se sont encore considérablement accrus au début de l’année. Au premier trimestre 2022, le taux d’inflation a nettement augmenté par rapport à l’année précédente, à savoir de 5,4 à 6,1 pour cent, peut-on lire dans le Rapport mensuel. Surtout les prix de l’énergie, mais aussi des produits alimentaires et des biens industriels hors énergie auraient contribué à ce phénomène. En avril, le taux d’inflation aurait grimpé à 7,8 pour cent. De tels taux auraient été enregistrés sur l’ancien territoire de la République fédérale pour la dernière fois lors de la première guerre du Golfe au début des années 1980. La Bundesbank s’attend à ce que le taux d’inflation augmentera encore légèrement dans un premier temps et ne reculera ensuite que modérément. Compte tenu de la guerre en Ukraine et des pénuries de livraison en raison de la pandémie, les prix à la production des biens de consommation et des produits alimentaires se seraient fortement accrus ces derniers temps. Cela devrait également entraîner une hausse des prix des produits industriels et alimentaires pour les consommateurs. On pourrait certes s’attendre à ce que des mesures de soutien publiques dans les domaines des carburants, de l’électricité et des transports publics régionaux atténueraient temporairement la hausse des prix. « Au total, le taux d’inflation devrait, du point de vue actuel, se situer à environ 7 pour cent dans la moyenne de l’année en cours », précise la Bundesbank. Mais les perspectives en matière de prix seraient actuellement particulièrement incertaines.

Le taux de chômage recule au niveau d’avant-crise

« Le marché du travail a enregistré au premier trimestre 2022 une évolution particulièrement positive », écrivent les experts. La part de la population active aurait encore fortement augmenté aux cours des deux premiers mois de l’année et, en mars, le niveau record d’actifs occupés du début de l’année 2020 aurait été dépassé pour la première fois. Le taux de chômage a lui aussi reculé à son niveau d’avant-crise, peut-on lire dans le Rapport. Le nombre de personnes au chômage se serait établi en avril 2022 à 2,29 millions de personnes, ce qui correspondrait à un taux de chômage en données corrigées des variations saisonnières de 5,0 pour cent. En revanche, le taux de chômage partiel conjoncturel et probablement aussi le temps de travail par personne employée n’auraient pas encore atteint leur niveau d’avant-crise.