Depuis juillet 2016, les banques centrales de l'Eurosytème recensent quotidiennement des informations concernant les opérations sur le marché monétaire réalisées par les établissements financiers au sein de la zone euro. Ces données sont intégrées dans les nouvelles statistiques sur le marché monétaire de l’Eurosystème qui permettent d’apprécier la situation actuelle du marché ainsi que les évolutions structurelles au fil du temps. La Bundesbank, qui compile les données fournies par les établissements domiciliés en Allemagne vient de publier pour la première fois dans son récent Rapport mensuel des résultats des statistiques sur le marché monétaire concernant l’Allemagne.

Un chiffre d’affaires annuel de 67 billions d’euros

Au total, les établissements établis en Allemagne ont notifié au dispositif de statistiques sur le marché monétaire un chiffre d’affaires de 67 billions d’euros pour la période de début juillet 2016 à fin juin 2017. Au cours de cette période, les opérations garanties représentaient, selon le Rapport, la majeure partie des opérations, dont la part s’est élevée à 46 %. Parmi les opérations garanties figurent par exemple les opérations repo, où l’emprunteur délègue au créancier des titres financiers à des fins de garantie pour une durée déterminée. Dans la plupart des cas, il s’agit de titres d’emprunt d'État. Environ un titre sur deux a été émis en Allemagne.

Le segment de marché des opérations de marché monétaire non garanties, parmi lesquelles on compte surtout les dépôts, les fonds au jour le jour ou les comptes d'épargne, a représenté 27 % du volume des transactions, les 27 % restants ayant été des opérations d'échange de devises. Dans ces opérations, les acteurs du marché échangent une paire de devises pour une période déterminée à l’avance.

Une majorité d’opérations non garanties

Contrairement aux volumes de transactions, les opérations non garanties sont majoritaires en ce qui concerne le nombre de transactions. Elles représentent environ deux tiers de l’ensemble des transactions. "Cela est dû à la grande quantité d’établissements de taille réduite soumis à l’obligation de déclaration ayant été actifs plutôt sur le marché monétaire non garanti", expliquent les experts de la Bundesbank.

Selon les indications de la Bundesbank, les opérations non garanties sont principalement conclues à l’intérieur de l’Allemagne. Les opérations interbancaires n’y jouent qu’un rôle restreint, les opérations avec des sociétés de capitaux non financières représentant une part plus importante. En revanche, dans le cas des opérations garanties et des opérations d'échange de devises, les établissements ont réalisé la plus grande partie de leurs transactions avec des contreparties établies à l’étranger, dont la majorité en dehors de la zone euro.

Une conception plus ciblée de la politique monétaire

Pour les banques centrales de l’Eurosystème, les enseignements pouvant être tirés des nouvelles statistiques sont d’une grande importance. "Les données collectées moyennant les statistiques sur le marché monétaire fournissent un aperçu global, quotidien et granulaire des activités et structures du marché monétaire dans la zone euro", peut-on lire dans le Rapport mensuel. Elles permettent de saisir systématiquement la capacité de fonctionnement du marché monétaire et la dynamique des changements sur celui-ci et de reconnaître plus tôt qu’auparavant des changements structurels. "Les nouvelles statistiques sur le marché monétaire renforcent ainsi la capacité d’analyse de l’Eurosystème", écrivent les experts. "Dans le contexte de l’importance capitale du marché monétaire dans le processus de transmission monétaire, les statistiques fournissent des bases nettement améliorées qui permettront, à l’avenir, une conception plus ciblée des instruments de politique monétaire."

Reproduire le paysage bancaire particulier de l'Allemagne

Les statistiques sur le marché monétaire de l’Eurosystème est un sondage par échantillons, dans le cadre duquel les 52 principaux établissements financiers de la zone euro sont tenus à notifier leurs transactions sur le marché monétaire à leur banque centrale nationale ou à la BCE. Parmi ces établissements, 14 ont leur siège en Allemagne et transmettent leurs données à la Bundesbank.

Afin de tenir compte de la structure particulière du système bancaire allemand, qui compte de nombreux établissements de taille réduite, la Bundesbank a élargi le cercle des établissements soumis à l’obligation de notification, le facteur déterminant étant le total du bilan d’un établissement ainsi que sa connexion au système de règlement de gros montants TARGET2. Au total, des informations sur les opérations de marché monétaire d’actuellement 128 établissements financiers établis en Allemagne sont intégrées dans la statistique. Outre les principaux établissements, en font partie également entre autres les caisses d'épargne, les banques coopératives et les banques régionales.

Les données supplémentaires fournissent, selon l’avis de la Bundesbank, une valeur ajoutée pour l’analyse du marché monétaire. Ainsi, les résultats font apparaître que la prise en compte d’établissements supplémentaires ayant des modèles commerciaux différents pourrait "apporter des enseignements beaucoup plus pertinents", peut-on lire dans le Rapport mensuel.

Reconnaître des changements structuraux

Les experts espèrent pouvoir tirer d’importants enseignements quant aux adaptations en cas de changement des conditions cadres en matière de politique monétaire. Ainsi, à l'heure actuelle, les activités des acteurs du marché seraient fortement marquées par un fort excédent de liquidités et des taux d’intérêt négatifs. "À l’aide des statistiques sur le marché monétaire, il sera à l’avenir possible de reconnaître dans quelle mesure les activités sur le marché monétaire se modifient dans un environnement de politique monétaire en mutation."

Outre pour l’analyse et l’évaluation de la situation sur le marché monétaire de la zone euro, les données de la statistique sur le marché monétaire seront, d’après la Bundesbank, également utilisées pour la mise à disposition d’un taux d’intérêt de référence par l’Eurosystème.