Weidmann : La politique monétaire a besoin d’une plus grande marge de manœuvre

Le président de la Deutsche Bundesbank, Jens Weidmann, considère que le Brexit et le conflit commercial international représentent les principaux risques pour la conjoncture en Allemagne. Dans un discours tenu à Mannheim, il a lancé un appel à la politique de résoudre les conflits. « Ces deux dangers [...] sont de nature politique et tous deux doivent donc être résolus par la politique », a déclaré M. Weidmann. Il a par ailleurs souligné que l’on ne devait pas perdre de temps inutilement dans le processus de normalisation de la politique monétaire, « car la politique monétaire doit retrouver davantage de marge de manœuvre afin de pouvoir réagir à l’avenir en cas de faiblesse inattendue de la conjoncture », a-t-il poursuivi. Contrairement aux États-Unis, la normalisation de la politique monétaire dans la zone euro aurait à peine commencé timidement.

La croissance économique globale se maintient

Selon M. Weidmann, la phase de faiblesse de l’économie allemande devrait durer plus longtemps que prévu. « Et, contrairement à nos pronostics de décembre, le ralentissement de la croissance devrait s’étendre jusque dans l’année en cours », a-t-il expliqué, en poursuivant que « du point de vue actuel, la croissance de l’économie allemande sera en 2019 probablement nettement en dessous du taux potentiel de 1,5 pour cent ». En décembre, la Bundesbank avait encore tablé sur un taux de 1,6 pour cent. Malgré cela, M. Weidmann a mis en garde de ne pas tout peindre en noir. « Je ne vois ni un effondrement abrupt ni une phase prolongée d’un recul sensible des activités économiques », a-t-il déclaré. Selon lui, la croissance en Allemagne est basée sur de solides fondations qui reposent sur des conditions de financement favorables, une augmentation du nombre d’actifs et une hausse des salaires.

Renforcer les facteurs de croissance

M. Weidmann a par ailleurs invité les gouvernements dans la zone euro à renforcer la compétitivité de leurs structures économiques. « Pour durablement renforcer la croissance, il faut définir les bonnes options en matière de politique économique, sociale et fiscale », a-t-il indiqué. « Certains se tournent vers les banques centrales lorsqu’il s’agit de créer davantage de croissance. Mais la politique monétaire ne peut pas résoudre des problèmes structurels », a-t-il souligné. La politique monétaire peut, selon lui, uniquement pousser ou freiner légèrement la conjoncture quand cela s’avère nécessaire pour assurer la stabilité des prix à moyen terme.

Réformer l’union monétaire

Dans son discours, M. Weidmann a également fait référence au 20e anniversaire de l’euro, fêté le 1er janvier. Avec un taux d'inflation de 1,7 pour cent dans la moyenne des 20 dernières années, la promesse initiale d’une monnaie stable aurait été tenue. Il a également demandé des réformes de l’Union monétaire afin de la rendre durablement résiliente. « L’union monétaire a besoin d’un cadre cohérent en ce qui concerne les compétences et la responsabilité. Le fil directeur devrait être le lien entre action et responsabilité. » En tant que bon exemple du lien entre solidarité et solidité, M. Weidmann a mentionné le Mécanisme européen de stabilité (MES). M. Weidmann a considéré en principe comme judicieux la décision prise en décembre par les chefs d’État et de gouvernement des pays de la zone euro de renforcer le MES. Afin que le MES puisse répondre aux nouvelles exigences, il devrait cependant être doté des compétences nécessaires. À titre d’exemple, M. Weidmann a évoqué la surveillance des comptes publics dans le cadre du Pacte de stabilité et de croissance.

Finalisation de l’Union bancaire

Selon M. Weidmann, une garantie des dépôts commune pourrait certes augmenter la crédibilité de la protection des épargnants en Europe. Pour que l’action et la responsabilité reposent entre les mêmes mains et pour éviter des incitations erronées, plusieurs conditions devraient toutefois être remplies. À titre d’exemple, il a mentionné que les banques détiennent des stocks importants de titres souverains nationaux qu’elles ne devaient pas ou à peine garantir par des fonds propres, et qu’elles se liaient ainsi quasiment à la solvabilité de l’État. Pour briser durablement l’entrelacement entre États et banques, il conviendrait selon lui de mettre fin au traitement préférentiel des titres souverains dans la régulation bancaire. « Ce serait donc une erreur d’introduire une garantie des dépôts commune avant que toutes les conditions requises ne soient remplies », a déclaré M. Weidmann.