Jens Weidmann au Frankfurt Finance Summit ©Nils Thies

Weidmann au sujet de la monnaie fiduciaire : aucun autre moyen de paiement est en mesure de reproduire toutes ses caractéristiques

« Payer en espèces est surtout une opération simple, sûre et rapide », a déclaré le président de la Bundesbank, Jens Weidmann, dans son allocution vidéo à l’occasion de l’ouverture du cinquième symposium de la Bundesbank sur la monnaie fiduciaire à Berlin. L’événement s’est adressé à des participants issus des milieux de l'économie, de la politique et des administrations publiques et a également été retransmis en flux direct. Outre des discours et des conférences de représentants de haut niveau, le programme a été complété par des tables rondes et des groupes de discussion dans le cadre desquels ont été discutées des questions relatives à la monnaie fiduciaire.

« La monnaie fiduciaire est également très importante pour de nombreuses personnes qui ne sont pas trop technophiles ou pour celles dont l’acuité visuelle est restreinte », a décrit M. Weidmann les autres avantages des pièces et des billets. De plus, selon des estimations, 13,5 millions d’adultes dans la zone euro n’auraient pas de compte en banque. « Elles dépendent, pour l’essentiel, de la monnaie fiduciaire ». Celle-ci permettrait par ailleurs aux citoyens de mieux contrôler leurs dépenses, puisque pour payer, il faudrait retirer l’argent du portemonnaie. En outre, elle remplirait une fonction pédagogique : « Elle permet d’apprendre aux enfants à gérer leur argent. » Un euro numérique, dont l’introduction est actuellement envisagée par l'Eurosystème, ne présenterait pas, selon M. Weidmann, ces qualités. Il partagerait certes certaines caractéristiques importantes avec la monnaie fiduciaire, mais différerait dans de nombreuses autres facettes. Dans l’ensemble, il offrirait ainsi de nouvelles possibilités. À juste titre, de nombreuses personnes apprécieraient beaucoup la monnaie fiduciaire, a résumé M. Weidmann à la fin de son discours. Aucun autre moyen de paiement ne serait en mesure de reproduire toutes ses caractéristiques.

Dans les tables rondes, les experts issus des milieux de l’économie et de la politique ont également discuté de l’avenir de la monnaie fiduciaire et se sont penchés sur la question de savoir si celle-ci sera à l’avenir analogique ou numérique.

Préserver la liberté de choix

Johannes Beermann lors de son discours de cinquième symposium de la Bundesbank sur la monnaie fiduciaire à Berlin ©Christian Thiel
Johannes Beermann, responsable de la trésorerie au sein du directoire de la Bundesbank, pendant son discours.
Johannes Beermann, en charge du domaine de la monnaie fiduciaire au sein du Directoire de la Bundesbank, a repris ce fil dans son discours de clôture : « L'euro numérique est destiné à compléter et non pas à remplacer la monnaie fiduciaire. Monnaie numérique ou analogique – ce n’est pas une question de choix pour l’une ou l’autre forme, mais plutôt une solution de complémentarité. Les citoyens souhaitent avoir des options et une liberté de choix dans leurs opérations de paiement. » M. Beermann a souligné qu’en particulier au cours de la crise de coronavirus, les opérations de paiement en espèces avaient fonctionné sans heurts grâce à la bonne interaction entre tous les acteurs impliqués. « Cela fut important. En effet, la monnaie fiduciaire remplit en période de crise et d’incertitude macroéconomique un rôle stabilisateur particulier. » Alors que la monnaie fiduciaire aurait été à l’époque surtout utilisée en tant que moyen de conservation de valeur, la demande en « petites » coupures, qui seraient utilisées en particulier à des fins de transactions, augmenterait également de nouveau.