Weidmann contre une extension des aides de liquidités pour la Grèce

Le président de la Bundesbank a salué la décision du Conseil des gouverneurs de la BCE de maintenir la fourniture de liquidités d'urgence (ELA) aux banques grecques au niveau actuel. "Les crédits ELA ne servent plus à financer la fuite des capitaux déclenchée par le gouvernement grec" a indiqué M. Weidmann lors d'une conférence internationale de haut niveau organisée par la Bundesbank à Francfort-sur-le-Main. Selon lui, cette décision rejette la responsabilité sur les épaules de ceux qui devraient la porter, à savoir les gouvernements et les parlements.

Par voie de conséquence, M. Weidmann s'est également prononcé dans son discours contre une éventuelle augmentation des aides de liquidité accordées aux banques grecques par l'Eurosystème. Si d'autres aides financières à court terme s'avèrent nécessaires, celles-ci devront être fournies par les milieux politiques. Selon lui, les banques centrales disposent certes des moyens, mais n'ont pas pour mandat d'assurer la solvabilité de banques et de gouvernements.

Il a ajouté que les doutes quant à la solvabilité des banques grecques étaient légitimes et qu'ils augmentaient de jour en jour. "Il doit être clair que la responsabilité pour l'évolution future en Grèce et toute décision concernant des transferts financiers incombe au gouvernement grec et aux pays qui le soutiennent - et non pas au Conseil des gouverneurs" a-t-il poursuivi.

Maintenir les contrôles de capitaux

Dans son discours, M. Weidmann s'est prononcé en faveur du maintien provisoire des contrôles de capitaux en Grèce. Le président de la Bundesbank a estimé que ceux-ci devraient rester en vigueur jusqu'à ce que toutes les parties impliquées aient accepté un programme d'aide approprié et que la solvabilité tant du gouvernement grec que du système bancaire ait été assurée.

Selon lui, le cas de la Grèce montre clairement que malgré le renforcement de l'intégration dû à la crise en Europe, les Etats membres de la zone euro demeurent finalement eux-mêmes responsables de leurs affaires. Ainsi, ils peuvent décider de ne plus rembourser leurs dettes, de recouvrer les impôts de manière insuffisante ou de mettre l'économie du pays dans de grandes difficultés.

Tournant dans l'histoire monétaire

"Personne n'est en mesure de dire si ce moment constitue un tournant dans l'histoire monétaire de l'Europe, qui met en question l'irréversibilité de l'appartenance à la zone euro ou marque le premier pas vers une union de transfert" a dit le président de la Bundesbank.

Selon lui, les attentes grandissantes vis-à-vis des banques centrales et leur rôle croissant est plutôt une malédiction qu'un bienfait. Il a ajouté que les banques centrales étaient certes des institutions puissantes, "mais qu'elles sont bien conseillées de suivre une interprétation étroite de leur mandat, si elles veulent conserver leur crédibilité et leur indépendance".