Joachim Wuermeling ©Frank Rumpenhorst

Wuermeling : Un modèle commercial viable est essentiel pour les fusions bancaires

Joachim Wuermeling, membre du Directoire de la Deutsche Bundesbank, a souligné que la banque centrale allemande, en tant qu’institution chargée de la supervision bancaire, adoptait une position neutre en matière de fusions de banques. « Nous accompagnons certes de telles procédures, mais nous ne les lançons certainement pas », a déclaré M. Wuermeling à l’occasion du symposium de la Bundesbank à Francfort-sur-le-Main. Pour le superviseur, un modèle commercial viable et durable serait plutôt essentiel.

M. Wuermeling a fait observer qu’il y avait certes de plus en plus de fusions et que rien qu’en Allemagne, le nombre des établissements de crédit avait reculé de presque 4 500 en 1991 à environ 1 800 aujourd’hui. Or, les fusions ne constituent pas, selon lui, l’unique voie vers une consolidation du secteur bancaire. La centralisation de certains éléments de la chaîne de valeur pourrait contribuer à améliorer l’efficience dans le secteur. Cela pourrait intervenir au sein d’établissements, d’associations, au moyen de coopérations ou par une externalisation vers des tiers. Notamment les nouvelles technologies offrent aux banques de nouvelles possibilités, a indiqué M. Wuermeling. « Des formes de coopération innovantes entre des établissements indépendants apportent souvent davantage de bénéfices que la fusion d’établissements traditionnels », a-t-il précisé.

Une assise financière solide malgré les taux d’intérêt bas

M. Wuermeling s’est montré persuadé que la forte concurrence sur le marché bancaire allemand ainsi que les faibles marges seraient encore des thèmes d’actualité dans cinq ans. Les modèles commerciaux devraient ainsi également fonctionner en périodes de taux d’intérêt bas, a rappelé M. Wuermeling aux représentants des banques présents sur place. « Je déduis des bilans de 2018 que bon nombre parmi vous, mais pas tous, font leurs devoirs à fond », a déclaré M. Wuermeling. Les établissements n’ont pas tous un rendement potentiel solide, ce qu’il convient de corriger, a-t-il précisé. Dans l’ensemble, il n’y aurait toutefois pas lieu de peindre une image négative du secteur bancaire allemand. « Les établissements sont robustes, les portefeuilles solides et le niveau des fonds propres élevé », a indiqué M. Wuermeling.

Processus de Bâle : fin du marathon en vue

En ce qui concerne le processus de réglementation, M. Wuermeling considère que les banques européennes ont atteint la dernière ligne droite. Le « paquet bancaire » européen sera probablement adopté encore avant les élections au Parlement européen. La transposition de Bâle III serait, elle aussi, sur le point d’être finalisée. « La fin du marathon est donc en vue », a déclaré M. Wuermeling, tout en précisant qu’il s’agissait maintenant de transposer sans faille les accords internationaux. Le fondement aurait également été posé en ce qui concerne la proportionnalité, donc la réduction de charges opératives excessives pour des établissements de taille réduite et non complexes. À l’avenir, des allégements devraient être accordés aux établissements de petite taille, où les charges administratives sont disproportionnées par rapport au bénéfice en matière de supervision, a expliqué M. Wuermeling.

Un marché financier européen interconnecté

Symposium de la Bundesbank 2019 "Bankenaufsicht im Dialog" ©Frank Rumpenhorst
Dans son allocution, M. Wuermeling a également abordé la question de la structure de la place financière européenne après le Brexit. Il s’est prononcé en faveur d’une stratégie européenne visant à approfondir et à moderniser le marché intérieur financier. « Notre objectif devrait être un marché financier européen interconnecté », a déclaré M. Wuermeling dans la perspective du Brexit imminent. En même temps, des spécificités nationales, régionales et locales devraient être possibles, a-t-il ajouté. Le membre du Directoire de la Bundesbank a osé établir le pronostic que dans cinq ans, Londres n’aura plus la même importance pour la place financière européenne qu’aujourd’hui. « La transition ne sera pas facile – mais nous sommes mieux préparés sur le marché financier que dans d’autres secteurs », a indiqué M. Wuermeling.

Une position similaire a été adoptée par Mme Eva Wimmer, directrice au ministère fédéral des Finances, qui a également tenu une allocution à la conférence. « Nous sommes préparés à un Brexit dur », a déclaré Mme Wimmer. Le problème principal est que personne ne sait actuellement combien de temps la période d’incertitude durera encore, a-t-elle précisé, en ajoutant que le Brexit pouvait également représenter une chance pour Francfort et son rôle en tant que place financière.