La Deutsche Bundesbank publie le rapport 2018 sur la stabilité financière

Les risques d'affaiblissement conjoncturel ont augmenté : le système financier allemand est vulnérable 

En période de haute conjoncture et de taux d’intérêt bas, des vulnérabilités se sont développées dans le système financier allemand. Un brusque ralentissement de l’activité économique pourrait faire apparaître ces vulnérabilités et des effets de contagion dans le système financier pourraient renforcer un ralentissement de l'activité économique. La probabilité d’un tel scénario s’est accrue. « Il est donc temps maintenant de renforcer notre capacité de résistance et de constituer des réserves pour des périodes plus difficiles », a déclaré Claudia Buch, vice-présidente de la Deutsche Bundesbank, à l’occasion de la présentation du rapport 2018 sur la stabilité financière.

Ces derniers temps, les risques de détérioration de l’économie ont augmenté. Les conflits commerciaux internationaux pourraient s’aggraver et un Brexit désordonné ne peut être exclu. La question de savoir si et, le cas échéant, dans quelle mesure des évolutions macroéconomiques défavorables seront renforcées par le système financier dépend essentiellement de sa capacité de résistance. « Il est donc un fait positif de constater que, depuis la crise financière, les banques ont sensiblement accru leurs fonds propres – entre autres grâce à une réglementation plus stricte et aux coussins de capital prescrits pour les banques d’importance systémique par les normes prudentielles applicables », a déclaré Joachim Wuermeling, membre du Directoire de la Bundesbank en charge de la surveillance bancaire et financière. Les coussins existants pourraient toutefois s’avérer insuffisants si en cas de ralentissement conjoncturel des risques liés par exemple à des réévaluations d’actifs, des variations des taux d’intérêt et des pertes de crédit intervenaient simultanément. Ces risques pourraient en effet se renforcer mutuellement et contribuer à une contraction excessive du crédit.

Sous-évaluation des risques de crédit

Compte tenu de la bonne situation économique, il existe toujours un danger de sous-évaluation des futurs risques de crédit. Actuellement, les taux d’insolvabilité des entreprises et des ménages et donc les risques de crédit sont très faibles. Par conséquent, une faible prévention des risques avait tendance à soutenir les revenus des banques et contribué à la constitution de fonds propres. Toutefois, si l’évolution conjoncturelle devait se détériorer de manière inattendue, des pertes résultant de défaillances de crédit pourraient réduire les coussins de fonds propres des banques. Par ailleurs, les banques devraient, en période de risques croissants, renforcer leurs fonds propres pour se conformer aux dispositions réglementaires. À court terme, cela n’est possible que par le biais d’une restriction de l’octroi de crédit, ce qui pourrait en revanche renforcer un ralentissement économique.

Surévaluation des actifs et des garanties de crédit

Les notations sur les marchés des capitaux demeurent à un niveau élevé. Un important ralentissement de l'activité économique pourrait contribuer à une baisse des prix de l’immobilier, des actions ou des emprunts. Ainsi, la Bundesbank estime que les prix de l’immobilier résidentiel dans les villes allemandes sont surévalués de 15 à 30 pour cent. Étant donné qu’en comparaison sur le long terme, la croissance du crédit n’est pas anormalement élevée et qu’il n’y a pas de signes forts d’une baisse des normes d’octroi de crédits, il n’y a actuellement pas, précisément pour le marché de l’immobilier résidentiel considéré en soi, de nécessité urgente de prendre des mesures macroprudentielles. Des risques pourraient surtout naître d’une surévaluation de la valeur de garanties pour des crédits immobiliers. « Mais il manque toujours des informations fiables et différenciées sur l’évaluation de la situation de risque sur le marché immobilier », a indiqué Mme Buch. 

Risques de variations des taux d’intérêt

En cas de ralentissement inattendu de l'activité économique, l’évolution des taux d’intérêt pourrait renforcer les vulnérabilités. Au cours des dernières années, les banques ont davantage octroyé des crédits à long terme et à taux d’intérêt fixes. Aujourd’hui, 45 pour cent des crédits immobiliers résidentiels nouvellement accordés à des ménages ont par exemple un taux fixe sur une période de plus de 10 ans. Une hausse abrupte des taux d’intérêt pourrait mettre de nombreux établissements en difficulté simultanément. Si en revanche les taux d’intérêt demeurent encore longtemps à un niveau bas, les incitations à adopter des stratégies de placement risquées demeureraient. D’autres acteurs du système financier – des assureurs ou fonds de placement – seraient également touchés et ne pourraient pas compenser les effets.

Besoins d’action d’un point de vue macroprudentiel

La nécessité de prendre des mesures macroprudentielles ressort de l’interaction entre risques de crédit, risques immobiliers et risques de taux. « Ce sont précisément les périodes de conjoncture favorable qui donnent l’occasion de constituer suffisamment de réserves pour se protéger contre des évolutions inattendues », a souligné Mme Buch. Cela permettrait de limiter les éventuels effets de contagion à l’intérieur du système financier et affectant l’économie réelle. L’objectif de la politique macroprudentielle consiste à prendre à temps des mesures pour contrer les dangers qui menaceraient la stabilité financière afin de préserver la capacité de fonctionnement du système financier. La politique macroprudentielle dispose d’instruments tels que des mises en garde ou des recommandations ou encore la constitution de coussins de capitaux macroprudentiels.