Nagel : L'accord Anfa devrait être publié

Joachim Nagel, membre du Directoire de la Bundesbank, s'est prononcé en faveur d'une publication de l'accord Anfa. Selon lui, il serait approprié de divulguer ce qui a été convenu et ce qui se passe, dans l'intérêt également de couper court aux spéculations. "En fin de compte, l'enjeu principal est la crédibilité des banques centrales". C'est ce qu'a déclaré dans une interview en deux parties accordée à la Börsen-Zeitung M. Nagel qui, au sein de la Bundesbank, est chargé des domaines de la technologie de l'information et des marchés.

Protéger la politique monétaire

À ce jour, l'accord Anfa (Agreement on net financial assets - accord sur les actifs financiers nets) n'a pas été rendu public. "Mais étant donné qu'Anfa constitue un accord contractuel conclu par l'ensemble des banques centrales de l'Eurosystème, la Bundesbank n'est pas en mesure de décider seule de la publication du texte de l'accord", a expliqué M. Nagel.

Cet accord définit des plafonds devant être respectés dans les bilans pour les opérations financières hors du cadre de la politique monétaire et effectuées par les banques centrales nationales. Il engage les banques centrales à limiter notamment l'accroissement des actifs financiers libellés en euros ne faisant pas partie de la politique monétaire. Cette mesure sert ainsi à protéger cette dernière. Dans le cadre d'achats d'actifs, les banques centrales ne sont pas autorisées à acquérir des titres d'emprunt d'États sur le marché primaire et à effectuer des transactions visant à contourner cette interdiction. Le plafond global pour l'ensemble des banques centrales est fixé par le Conseil des gouverneurs de la BCE. Au dernier recensement, le volume de ces actifs s'élevait au total à 575 milliards d'euros dans la zone euro.

Le Conseil des gouverneurs peut à tout moment interdire l'achat de ces actifs

Au 31 décembre 2014, la Bundesbank détenait des valeurs mobilières d'un montant de 12,4 milliards d'euros dans son portefeuille d'actifs ne faisant pas partie de la politique monétaire, dans lequel ne figurait aucun titre d'emprunt d'État. "Il s'agit de postes de contrepartie au capital social, aux réserves légales, aux réserves pour risques et aux engagements de retraite à long terme" a indiqué M. Nagel à la Börsen-Zeitung.

Dans cette interview, il s'est déclaré favorable à rendre plus transparent les volumes des portefeuilles Anfa détenus par les banques centrales membres de l'Eurosystème. D’après lui, il est clair que les opérations effectuées dans le cadre de l'Anfa ne doivent pas servir à des fins de financement monétaire des États. "De plus, ces opérations ne doivent pas compromettre la politique monétaire et ses effets", a ajouté le membre du Directoire de la Bundesbank, en précisant que le Conseil des gouverneurs pouvait à tout moment interdire tous les achats compromettant la politique monétaire commune.

Enchevêtrement croissant entre politique monétaire et politique budgétaire

Dans la seconde partie de l'interview, M. Nagel s'est prononcé entre autres au sujet de la prolongation du programme d'achat d'obligations de l'Eurosystème et d'une possible augmentation des taux d'intérêt par la Réserve fédérale américaine.

Il a clairement expliqué que la Bundesbank considérait que le nouvel assouplissement monétaire n'était pas nécessaire et a mis en garde contre les conséquences de cette mesure : "Si l'on achète des titres dans de telles proportions, les marchés sont forcément influencés de manière considérable" a indiqué M. Nagel. Selon lui, plus le programme d'achat durera, plus ces distorsions du marché augmenteront. Par ailleurs, le programme pourrait accroître la pression de la politique sur le Conseil des gouverneurs de la BCE de reporter à plus tard une hausse des taux d'intérêt nécessaire du point de vue de la politique monétaire, a-t-il ajouté. "Pour moi, l'enchevêtrement croissant entre politique monétaire et politique budgétaire constitue le principal danger émanant de la voie actuelle", a-t-il poursuivi.

Devant la perspective d'une possible augmentation des taux d'intérêt par la Réserve fédérale américaine, M. Nagel a indiqué qu'il s'agissait dans ce scénario de la hausse des taux d'intérêt américains la plus longuement préparée. "Les marchés des capitaux semblent être relativement bien préparés à une augmentation des taux d'intérêt et c'est pourquoi je ne m'attends pas à des distorsions si cette mesure intervient", a précisé M. Nagel.