Le printemps sur le port de Hambourg ©picture alliance/Westendó | Kerstin Bittner

Rapport mensuel : Le taux d'inflation demeure étonnamment

Selon l’actuel Rapport mensuel de la Bundesbank, l’économie allemande se trouve encore sous le contrôle du variant Omicron. À la différence des vagues précédentes de la pandémie, les mesures visant à limiter la propagation du virus et l’ajustement des comportements ne devraient, cette fois-ci, pas uniquement toucher le secteur des services. Des interruptions de travail pourraient par ailleurs nettement réduire la performance économique, et cela également dans d’autres domaines. Par conséquent, les experts prévoient qu’en Allemagne la performance économique devrait de nouveau sensiblement reculer au trimestre d’hiver 2022.

Les perspectives économiques que légèrement plus défavorables que prévu

Cependant, les perspectives économiques seraient bonnes. « Étant donné la très forte demande, l’économie allemande devrait redémarrer avec vigueur au printemps, à condition toutefois que l’activité pandémique ralentisse et que les retards de livraison continuent à diminuer », peut-on lire dans le Rapport. Dans ce contexte, des impulsions positives proviendraient de l’industrie. Dans ce secteur, une nouvelle élimination des retards de livraison se ferait sentir, et la demande en produits industriels demeurerait élevée. « Ainsi, malgré le fardeau élevé qu’impose la pandémie et la forte hausse des prix, les perspectives économiques se présentent du point de vue actuel que légèrement plus défavorables par rapport aux projections de décembre 2021 », concluent les experts. Le taux de croissance du produit intérieur brut devrait certes être nettement plus faible en 2022, mais la tendance fondamentale à la hausse de l'économie allemande ne serait cependant pas remise en question.

La dernière vague de la pandémie n’aurait guère laissé de traces sur le marché du travail. L’emploi aurait continué de se remettre, et le chômage ainsi que le recours au chômage partiel auraient d’ores et déjà sensiblement diminué. « Pour le trimestre d’hiver, les indicateurs avancés ne font apparaître malgré le nombre d’infections élevé à présent qu’un creux relativement léger sur le marché du travail », peut-on lire dans le Rapport.

Les prix à la consommation continuent à fortement augmenter

Les prix à la consommation en Allemagne ont de nouveau fortement augmenté au début de l’année 2022. Et cela malgré la disparition d’un effet particulier qui avait fait progresser l’inflation au cours du semestre passé. Ainsi, le gouvernement fédéral avait abaissé le taux de TVA au deuxième semestre 2020 pour une durée de six mois dans le but d’atténuer les conséquences économiques de la crise du coronavirus et de relancer l'économie, ce qui a augmenté le taux d'inflation au second semestre 2021. En effet, le taux indique le changement de l’indice des prix à la consommation par rapport à l’année précédente, où les prix étaient nettement plus bas en raison de l’abaissement du taux de TVA. Malgré la disparition de cet « effet de base de la TVA », le taux d'inflation n’aurait que comparativement peu reculé, à savoir de 5,7 pour cent en décembre 2021 à 5,1 pour cent en janvier 2022, écrivent les experts. Le renchérissement de l’énergie aurait été particulièrement prononcé en raison de la forte hausse des tarifs du gaz et de l’électricité. Les prix pour d’autres composantes de l'indice des prix à la consommation harmonisé auraient également largement augmenté. Une tendance qui pourrait se poursuivre : « Au cours des prochains mois, le taux d’inflation devrait rester élevé en raison de la forte hausse des prix des biens et services intermédiaires », peut-on lire dans le Rapport. Au niveau des filières en amont, la pression sur les prix serait due aux retards de livraison en raison de la pandémie ainsi qu’à la hausse des frais de transport et des prix pour les matières premières.

Selon le Rapport, des prix à la consommation croissants ne sont pas un phénomène allemand. Les prix énergétiques élevés auraient considérablement contribué au fait que l’augmentation globale des prix à la consommation se serait encore renforcée. La flambée des prix aurait gagné encore du terrain dans de nombreux pays industrialisés. « Cela était dû, outre à une demande dynamique, à la forte pression sur les coûts, initiée dans un premier temps par les hausses des prix au niveau des filières de production en amont et au niveau des services de transport ». Par ailleurs, l’augmentation salariale se serait déjà renforcée dans certains pays industrialisés. « Dans ce contexte, de nombreuses banques centrales ont resserré leur politique monétaire ou l’on au moins fait entrevoir », écrivent les experts de la Bundesbank.

Effets économiques d’un salaire minimum plus élevé

Dans l’actuel Rapport mensuel, les experts analysent également les conséquences éventuelles pour l’économie de l’augmentation à 12 euros par heure du salaire minimum légal, prévue pour octobre 2022.

Celui-ci s’élève depuis le 1er janvier 2022 à 9,82 euros par heure et s’établira à 10,45 euros à partir de juillet 2022.

« Cette intervention politique dans le processus de formation des salaires relèverait sensiblement les salaires dans les catégories salariales inférieures et aurait aussi un effet considérable sur les catégories au-dessus », écrivent les experts.

Selon leurs calculs, l’augmentation prévue pour l’automne prochain fera augmenter la masse salariale de 0,8 pour cent.

Si l’on se base sur les rapports historiques, les effets macroéconomiques de l’augmentation seraient limités, disent les experts.

Dans l’environnement actuel de taux d'inflation élevés, il ne pourrait toutefois pas être exclu que les salaires plus élevés se répercutent davantage sur les prix. D’après les calculs, les prix à la consommation augmenteraient progressivement en raison des coûts salariaux plus importants. Dans la moyenne de l’année 2024, les prix devraient se situer environ un dixième et demi de pourcentage au-dessus de la ligne de base, et après quatre ans à environ un quart de pourcentage au-dessus de cette ligne. Les experts ont pris pour ligne de base les dernières projections macroéconomiques établies par la Bundesbank. Selon les calculs, le PIB n’augmentera tout d’abord que légèrement. Ce faible effet positif déclenché par la demande intérieure élevée serait bientôt de nouveau atténué. En effet, les coûts de production plus élevés sur le marché intérieur diminueraient la compétitivité des prix, entraînant ainsi une baisse des exportations, ce qui compenserait l’effet positif.