Conteneurs dans un port de fret ©Nattanan Srisut / Adobe Stock

L'économie allemande continue d’être marquée par la pandémie de coronavirus

La situation actuelle et les perspectives de l'économie allemande sont marquées de manière décisive par la pandémie de coronavirus, écrit la Bundesbank. Avec la diminution du nombre d’infections et les assouplissements des mesures d'atténuation, l'économie allemande se serait fortement redressée au troisième trimestre de cette année. Toutefois, au cours du semestre d'hiver 2020/21, la reprise économique devrait d’abord être interrompue en raison de la recrudescence de la pandémie en automne. Mais il ne faudrait pas s'attendre à une dégradation comparable à celle du printemps 2020.

Selon les projections, le produit intérieur brut (PIB) devrait diminuer de 5,5 pour cent cette année, après correction des jours ouvrables. Toutefois, pour 2021 et 2022, les professionnels s'attendent à une forte croissance économique de 3 pour cent et 4,5 pour cent, respectivement. En 2023, la croissance devrait se ralentir pour atteindre 1,8 pour cent. « Le PIB atteindra ainsi son niveau d’avant-crise dès le début de 2022 », peut-on lire dans le rapport. À cet égard, les exportations allemandes devraient constituer un soutien solide à la reprise économique en raison du redressement de l’économie dans d’importants pays partenaires.

La consommation des ménages deviendra un facteur clé de la reprise économique

La consommation privée reste fortement dépendante de l’évolution de la pandémie. Au cours du premier semestre 2020, les dépenses des consommateurs auraient diminué beaucoup plus fortement que leurs revenus disponibles. « Inversement, le taux d’épargne a augmenté de manière très vigoureuse », expliquent les économistes. Cela s’expliquerait principalement par une épargne involontaire », comme le montre une enquête menée par la Bundesbank. Près de la moitié des personnes interrogées qui avaient réduit leur consommation ont indiqué comme raison que certains biens et services n'avaient pas été disponibles en raison des restrictions liées à la pandémie. Pour environ un tiers, la crainte d’une contagion a été déterminante. Par contre, les motifs de précautions classiques, telles que la crainte d’une perte de l’emploi et de revenus, n'ont joué qu'un rôle secondaire. « Si, à partir du printemps 2021, la pandémie est surmontée progressivement par des solutions médicales, l’épargne involontaire devrait perdre de son poids », précise le rapport. Les experts s'attendent à ce que la consommation des ménages se rétablisse alors de manière très dynamique et stimule largement la reprise économique.

Le chômage n’atteindra pas le niveau d'avant crise d'ici 2023

Le marché du travail s’est avéré assez robuste au cours de la pandémie, écrit la Bundesbank. Le volume de travail aurait certes fortement baissé, mais les conséquences sur l'emploi et le chômage auraient été relativement modérées. Cela aurait été dû au recours massif au chômage partiel, aux mesures de protection de l'emploi prises par les partenaires sociaux et aux mesures de stabilisation adoptées par l'État, ainsi qu'à la reprise économique rapide de l'été. Selon l'avis des experts, la reprise économique progressive devrait permettre d’abord de relancer le volume de travail en réduisant le chômage partiel et en remplissant des comptes épargne-temps. À partir du deuxième semestre de l'année prochaine, avec des succès croissants dans la lutte contre la pandémie, les entreprises devraient être davantage disposées à engager du personnel. Toutefois, la Bundesbank ne prévoit pas que le chômage atteindra son niveau d'avant-crise au cours de la période de projection jusqu'en 2023.

Le taux d'inflation sera à nouveau sensiblement positif dès 2021

Le taux d'inflation mesuré par l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) était de -0,7 pour cent en novembre. Notamment la baisse des prix de l'énergie et la réduction des taux de TVA en vigueur au second semestre ont été perceptibles à cet égard. En moyenne annuelle de 2020, les professionnels s'attendent à une baisse significative du taux d'inflation à 0,4 pour cent. Le taux d’inflation sous-jacent, hors énergie et produits alimentaires, et corrigé de l’effet de la TVA, devrait être légèrement supérieur à 1 pour cent.

L'année prochaine, le retrait de la réduction de la TVA devrait entraîner une hausse des prix. En outre, d'autres mesures de tarification du paquet « climat », telles que l'introduction de quotas d'émission de CO2 et l'augmentation de la taxe sur les véhicules, entreraient en vigueur au début de l'année 2021. « Le taux global de l'IPCH devrait donc reprendre des valeurs positives significatives dès le début de l'année 2021. »

Les finances publiques sont un pilier important de l'économie générale

Au cours de la crise de coronavirus, l'économie générale est fortement stabilisée par les finances publiques. Selon les projections, le déficit public atteindra environ 5 pour cent du PIB au cours de l'année en cours, après un excédent de 1,5 pour cent en 2019. En outre, le ratio de la dette selon les critères du traité de Maastricht devrait augmenter pour s’élever à environ 70 pour cent. Il serait toutefois probable que les finances publiques s'améliorent de nouveau avec la reprise économique et l'expiration des mesures de soutien prises dans le cadre de la pandémie.

La Bundesbank conçoit des scénarios alternatifs

Pour la période de projection jusqu'en 2023, l'incertitude est particulièrement élevée, notamment en raison de la pandémie de coronavirus et de ses conséquences économiques. C'est pourquoi, outre le scénario de référence, la Bundesbank a conçu deux autres scénarios et calculé comment différents indicateurs individuels pourraient évoluer.

Dans un scénario plus favorable, où des solutions médicales sont disponibles plus rapidement en Allemagne et à l'étranger et où les mesures d'atténuation sont retirées dans leur intégralité dès la fin de l'année 2021, la demande extérieure se rétablirait plus rapidement et la consommation des ménages reprendrait plus vite et plus fortement. Le PIB pourrait atteindre le niveau d’avant-crise dès mi-2021 et connaître au cours des années suivantes une forte croissance similaire à celle du scénario de référence. Dans un scénario moins favorable, où l'on considère une poursuite de l’évolution grave de la crise, on ne parviendrait que partiellement à endiguer la pandémie. En conséquence, les restrictions devraient persister sous une forme atténuée jusqu'à la fin de 2023. Dans ces conditions, malgré un soutien encore plus important de la part des finances publiques, la performance macroéconomique subirait des dommages graves et durables.